L'UNIVERS D'UN INSTRUMENT


Ce compendium allemand de la Renaissance est un nécessaire astronomique de luxe à l’usage des érudits.
Avec ses cinq cadrans gravés, dont chacun permet d’effectuer des mesures complexes, ce compendium se présente comme un condensé de science astronomique du XVIe siècle.
Très à la mode en Allemagne du Sud, cet objet à la fois savant et précieux, réalisé exclusivement sur commande, s’adressait à la bourgeoisie aisée comme aux princes. Le fabricant pouvait ainsi ajouter diverses fonctions à la demande. Comme les montres à complications d’aujourd’hui, cet instrument pouvait ainsi satisfaire le plaisir intellectuel des amoureux des sciences en multipliant les données. Mais il était avant tout d’une utilité directe aux hommes de la Renaissance.
Ils se servaient en effet du compendium pour préparer un voyage ou connaître les phases de la lune, dont dépendaient alors bon nombre d’activités. Les latitudes indiquées sur ce nécessaire astronomique, dû à Georg Karl, permettent d’établir qu’il a sans doute été actif dans les régions d’Augsbourg, de Nuremberg et de Munich. Seul un autre instrument portant sa signature est connu. Conservé au musée d’Histoire des sciences d’Oxford, il présente des informations et une composition similaire, cependant présentées sous forme de diptyque rectangulaire.

La seconde moitié du XVIe siècle sera également évoquée par un autre bel objet, cette fois réalisé en Italie du Nord : un grand cadre dont les enroulements, et les chutes de fleurs et de fruits associées à des putti, sculptés en haut relief dans le bois d’un résineux et rehaussés de dorure, s’inspirent des stucs vénitiens (120 x 101 cm, 5 000/8 000 €). Ce type de décor dit « à la Sansovino », fait référence à l’architecte et sculpteur florentin Jacopo Tatti. Élève d’Andrea Sansovino, qu’il suivit à Rome avant de s’installer à Venise, en 1527,
il est réputé être à l’origine de ce type de cadre.

LA GAZETTE DROUOT N°5 - VENDREDI 5 FÉVRIER 2021 - SOPHIE REYSSAT