PETITE HISTOIRE DU GIRUNDIA

Le service de table présenté nous donne l’occasion de nous replonger dans le goût des amateurs de yachting, fascinante activité de loisirs réservée à une élite privilégiée.

Notre yacht, l’un des principaux yachts français d’entre deux guerres, a changé de nom à maintes reprises depuis sa construction en 1910. Nommé tour à tour Doris ou Eileen, il devient en 1926 le « Girundia », en référence au département français. Les évènements historiques et politiques du milieu du XXème siècle ont bousculé le destin de notre yacht, alors réquisitionné par la marine française et armé afin d’assurer des missions de patrouille.

Dès l’acquisition de leur yacht, les nouveaux propriétaires Pierre et Paul Dupuy, directeurs du célèbre journal le Petit Parisien de 1906 à 1957, font du Girundia un lieu irrésistible de somptuosité et d’extravagance. La décoration intérieure était à l’image des plus riches intérieurs de l’époque. Il semble que l’artiste Renée Kinsbourg, médaillée d’or à l’Exposition des arts décoratifs de 1925, ait conçu pour ce yacht un décor moderniste à la manière des grands ensembliers.

Le journal du Figaro daté du 25 août 1926 nous informe que « M. et Mme Dupuy qui sont arrivés à Dinard, venant de Deauville sur leur yacht Girundia, ont offert à bord un dîner très élégant ». Les plus de cinq cent pièces de métal argenté que nous présentons (lot 101 à 108), témoins de cette soirée exceptionnelle, sont restées dans la famille des descendants de Pierre Dupuy jusqu’aujourd’hui. Comme pour tout yachtsman qui se respecte, la coutume et les exigences du rang à tenir veulent que la vaisselle soit frappée aux couleurs de l’armateur. Façonné par la manufacture anglaise Elkington & Co, cet ensemble est le gage d’une qualité artistique et d’un raffinement qui ont valu à cette manufacture, créée en 1830, de connaitre un grand succès et d’honorer d’autres prestigieuses commandes.

En se portant acquéreur d’un tel ensemble, l’acheteur invite à sa table l’atmosphère de ces étonnants navires, faite de splendeurs, d’un parfum léger de bois exotiques mélangé aux cigares de Havane et au champagne de la Belle Epoque.