Un gentilhomme florentin

Le portrait individuel prend véritablement son essor à la Renaissance. Les humanistes, qui se font volontiers représenter comme des savants, placent alors l’homme au centre du monde. Les portraits revêtent un rôle social. Instrument de propagande pour les puissants désireux de diffuser leur image afin de mieux asseoir leur pouvoir, ils servent aux présentations des fiancés lorsque deux grandes familles décident d’unir leurs enfants, mais s’échangent également entre amis pour conserver les liens malgré les distances. Signe d’appartenance à une caste, ils reflètent avec raffinement la noblesse de leur modèle, comme l’évoque ce Portrait d’homme barbu peint par l’école florentine vers 1540.
Comme dans les tableaux de Salviati, le visage du modèle conserve le sérieux qui sied à son rang. Il porte un vêtement sombre, dont la sobriété permet de mettre en valeur la préciosité du col brodé. Au XVIe siècle, les bourgeois des villes commerçantes du nord de l’Europe désirent eux aussi afficher leur réus- site, et posent volontiers avec leurs épouses. Cette vogue des portraits privés n’éclipse pas pour autant ceux de la peinture religieuse. Les repré- sentations des saints, qui avaient la primeur sur les papes et les donateurs au Moyen Âge, sont toujours inspirés.

Adjugé 58 000 € le dimanche 11 octobre 2020. 

Article extrait de La Gazette Drouot n°35 - vendredi 9 octobre 2020 - p90.