Pur esprit dada

Une machine mécanomorphique
de Francis Picabia se mettait en marche. Légèrement insolée mais bardée d’étiquettes d’exposi- tions en France et en Espagne, cette feuille de Francis Picabia retenait 33 020 €. L’artiste l’a exécutée vers 1916- 1917, soit en pleine Première Guerre mondiale. À cette époque, en compagnie de son épouse Gabrielle Buffet, musicienne d’avant-garde, il voyage et séjourne à New York. La mécanisation du monde lui inspire alors un cer- tain nombre de «portraits-objets». Dans un article du New York Tribune d’octobre 1915, il dit : « La machine est devenue plus qu’un simple instrument de la vie humaine. Elle est réellement une part de la vie humaine. Je me suis approprié la mécanique du monde moderne et je l’ai inté- grée dans mon atelier ». L’utilisation du vocabulaire sym- bolique des machines le mène à une période dite « méca- nomorphique », dans laquelle les choses sont soustraites de leur contexte habituel pour devenir des objets purs, souvent érotisés. C’est à ce registre que se rattache cette œuvre «fabriquée» alors qu’il est prêt à rallier véritable- ment le mouvement dada, dont l’esprit l’habite depuis 1913. C’est d’ailleurs lui qui va aider à l’installer à Paris.

Francis Picabia (1879-1953), Machine, vers 1916-1917, encre et aquarelle sur papier, 27,5 x 39 cm (à vue). Adjugé : 33 020 €

DIMANCHE 28 AVRIL, SAINT-CLOUD. LE FLOC’H OVV. CABINET PERAZZONE-BRUN.

(Dans la Gazette 19 du 9 mai 2024)