LES MÉTAMORPHOSES VUES PAR LES GOBELINS
Cette tapisserie de Renaud et Armide pourrait être l’unique exemplaire tissé pour Louis XV. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la tenture des «Métamorphoses» a été tissée de nombreuses fois par la manufacture des Gobelins, pour satisfaire des commandes royales, de membres de la cour, et d’autres clients fortunés. Grâce aux archives répertoriant et référençant précisément les tissages officiels, il est permis de penser que cette tapisserie de Renaud et Armide pourrait être l’une des sept pièces du seul exemplaire de cette tenture réalisée pour le roi au
XVIIIe siècle. Les documents nous apprennent qu’elle a été fabriquée dans l’atelier de Jean Souet, entre 1717 et 1720. Si ce panneau a perdu ses bordures, il est possible d’extrapoler sa taille initiale en lui ajoutant la largeur connue des cartons de bordure utilisés pour la tenture royale. À quelques centimètres près, les dimensions de notre tapisserie coïncident dès lors avec celles du panneau exécuté pour Louis XV. Autre indice, les archives stipulent qu’elle a été fabriquée sur un métier de basse lice, ce qui a pour conséquence d’inverser le motif du carton ainsi reproduit. Effectivement, le sujet de la pièce mise aux enchères se présente en miroir par rapport au tableau de Louis de Boullogne, daté de 1704, qui a vraisemblablement servi de modèle au carton, cité en 1705. Le tissage étant plus long que la toile d’origine, il a été nécessaire d’adapter le sujet : d’un côté en lui ajoutant un groupe d’arbres avec deux paons, de l’autre en complétant la représentation de la fontaine. En 1760, Madame de Pompadour a fait l’acquisition de la tenture, vraisemblablement pour son château de Ménars. À la mort de la favorite, la demeure est revenue à son frère, le marquis de Marigny. Seules quatre tapisseries s’y trouvaient encore, au décès de ce dernier. La Révolution a fini de disperser l’héritage royal.
DIMANCHE 13 OCTOBRE, SAINT-CLOUD. LE FLOC’H OVV.
(Dans la Gazette 35 du 3 octobre 2024)