En 1900, le luministe belge a signé cette vue de béguinage, conservée dans la même famille depuis trois générations.
Une sensation de chaleur se dégage de ce tableau, où la juxtaposition des coups de pinceau crée des étincelles de soleil sur les feuillages et les troncs. Elles se propagent jusqu’au sol pour y chasser l’ombre. Émile Claus est décidément le maître du luminisme, variante belge de l’impressionnisme, qu’il a découvert à l’occasion de plusieurs séjours à Paris, où il a loué un atelier entre 1889 et 1892. Alors qu’il s’était fait connaître pour le réalisme quasi photographique de son Combat de coqs en Flandre, exposé dans la capitale en 1882, Claus libère son pinceau en découvrant le travail de Monet, dont il étudie la technique et les jeux chromatiques. Il est également influencé par Pissarro, Sisley et Le Sidaner, avec lequel il devient ami. Faisant sien le défi de représenter la lumière, il délaisse les sujets narratifs pour se consacrer aux paysages des Flandres, comme en témoigne cette toile de 1900, montrant un béguinage typique de son pays.
Ce terme désigne un regroupement de maisonnettes accueillant des femmes ou des hommes célibataires ou veufs ayant décidé de vivre en communauté pieuse, selon un concept né à Lièges au XIIe siècle. Le but de l’artiste n’est pas de jouer la carte du pittoresque, maisbien de mettre couleur et lumière en scène. Le même vert anime ainsi les encadrements de fenêtres, les feuilles, la mousse des troncs et l’herbe transparaissant sous les feuilles. Dans un chatoyant contraste rehaussé par le soleil, leurs rousseurs renvoient aux tons en camaïeu de la terre, et à la teinte brique des murs et des toitures.
Quatre ans après ce séduisant exercice de style, Claus est à l’initiative de la création du cercle Vie et lumière. La critique ne tarit pas d’éloges pour le chef de file du luminisme, qui connaît la consécration à cette époque.
DIMANCHE 4 FÉVRIER, SAINT-CLOUD. LE FLOC’H OVV.
Émile Claus (1849-1924), Grands arbres devant un béguinage en pays flamand, huile sur toile signée, datée «Oktober JJ» pour «Octobre 1900», 81 x 117 cm.
Estimation : 50 000/100 000 €
Dans LA GAZETTE DROUOT N° 4 DU 26 JANVIER 2024
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