Du temps de l’Europe savante

On doit la première traduction en français des travaux de Galilée à un religieux, Marin Mersenne, un esprit curieux et ouvert, essentiel dans la diffusion des idées scientifiques nouvelles du XVIIe.
Les bibliophiles sont comblés qui, grâce à cette vente, vont avoir le choix – notamment – entre deux ouvrages rares et érudits, « le » Cicéron de la reine Margot (voir Bibliophilie de la Gazette n° 36, page 42) et la première défense en français des travaux de Galilée, parue un an seulement après le procès du grand astronome et physicien. On la doit à un religieux de l’ordre des Minimes, Marin Mersenne, un personnage central dans la diffusion des idées nouvelles de son siècle et l’un des plus ardents défenseurs des découvertes de Galilée. À tel point qu’il fut surnommé « le secrétaire général de l’Europe savante ». Cet exemplaire des Questions théologiques couvre un large spectre de sujets, allant du mouvement perpétuel aux propriétés de la lumière en passant par la quadrature du cercle et la chute des corps – loi que notre savant formulait en même temps que celle de Galilée. Mersenne bénéficiait d’un privilège du roi en date du 20 juin 1634 ; cependant « les réactions conservatrices des mondes scientifiques et religieux l’obligèrent à amender son ouvrage », explique Nicolas Asvisio et, dans les éditions postérieures, à remplacer intégralement quatre de ses questions dont celle cruciale : « Quelles raisons a-t-on pour prouver, pour persuader le mouvement de la Terre autour de son axe, dans l’espace de vingt-quatre heures ? » Les exemplaires qui ne furent pas « auto-censurés » sont en tout petit nombre, la BnF n’en détient aucun, la Bibliothèque de l’Arsenal étant la seule en France à en posséder deux. Cette pépite ne devrait pas passer sans faire de bruit... et pas celui de la chute des corps !
JEUDI 30 OCTOBRE. SAINT-CLOUD. LE FLOC’H OVV. M. ASVISIO.
Marin Mersenne (1588-1648), Les Questions théologiques, physiques, morales et mathématiques, suivi de : Les Mechaniques de Galilée, suivi de : Les Préludes de l’harmonie universelle, Paris, Henry Guenon, 1634, 3 tomes en un volume in-8°, reliure plein vélin d’époque. Estimation : 10 000/20 000 € Dans la Gazette Drouot du jeudi 23 octobre 2025.