
Une reliure exceptionnelle
Exceptionnel exemplaire aux emblèmes de Marguerite de Valois, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, sœur des rois François II, Charles IX et Henri III, épouse d’Henri IV, reine de France, surnommée la Reine Margot, provenant de sa bibliothèque.
La Reine Margot fut considérée par ses contemporains, puis par les historiens et les bibliophiles, comme l’une des femmes les plus lettrées de son temps, ayant réuni l’une des plus riches et des plus prestigieuses bibliothèques de l’époque, rivalisant avec celles de ses frères ou du Roi.
Pour Quentin-Bauchard, auteur des Femmes bibliophiles de France, elle est « la femme qui a traversé avec le plus d’éclat ce siècle étrange, après Diane de Poitiers ».
Comme le relève Brantôme, « elle estoit fort curieuse de recouvrer tous les beaux livres nouveaux qui se composoient tant en lettres sainctes qu’humaines ».
Dans son census de 2017 (addenda 2021), Nicolas Ducimetière énumère 26 ouvrages identifiés à ce jour comme provenant de la bibliothèque de la Reine Margot. Il semble tous découler d’un même type, dit du « fer au soleil », à filets d’encadrement, coquilles aux écoinçons et soleil rayonnant central, parfois souriant, parfois orné d’un œil. Un autre type est toutefois décrit par Marie-Noëlle Baudouin Matuszek, « un second type d’ornement est le semé, soit de fleur de lys, soit du chiffre de la reine, soit de marguerites (une seule occurrence connue, le Recueil des prophéties de Sainte Brigide) ».
Notre exemplaire, au décor de semé de marguerites, est donc l’un des deux seuls actuellement identifiés parmi les ouvrages subsistants. Le fer à la marguerite est lui- même extrêmement rare, mais se retrouve par exemple en tant qu’ornement central des caissons sur l’exemplaire des Commentaires hiéroglyphiques de Valeriano conservé à la bibliothèque municipale de Melun.
La reliure est d’autant plus remarquable qu’elle réunit un grand nombre des caractéristiques majeures de l’ornement des reliures de luxe du XVIe siècle, à savoir les fonds azurés, le semé, les portraits, les médaillons et les rehauts à la cire.
Reliure plein maroquin brun d'époque, les plats très richement ornés, le premier plat à décor de semis de marguerites à enroulements et fleurons, médaillons figurant le portrait de Marguerite de Navarre de profil encadrant un médaillon central rehaussé de cire blanche et bleue et entouré de rinceaux de cire noire sur fond azuré, figurant un soleil rayonnant, coquilles aux écoinçons, encadrement de filets dorés, frises de fleurons, frise de rinceaux et fers azurés aux écoinçons, le second plat à décor similaire, à semis de fleurons uniquement, le médaillon central encadré de fermesses et à la chaîne de Navarre dorée sur fond rouge, dos orné à 5 nerfs, les caissons à semis de fleurons et fleuron central, nerfs rehaussés, toutes tranches dorées. Ex-libris Josy Mazodier et « ex-musaeo L. Double ».
10 000 / 20 000 €
EXPOSITION PRIVÉE
Sur rendez-vous
EXPOSITION PUBLIQUE
Mercredi 29 octobre de 9h30 à 18h
Hôtel des ventes de Saint-Cloud 3 boulevard de la République 92210 SAINT CLOUD
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contact@lefloch-drouot.fr - 01 46 02 20 15
VENTE
Jeudi 30 octobre 2025 à 14h
EXPERT
Monsieur Nicolas Asvisio
Galilée et l’Eglise : le dilemme de Mersenne
Marin Mersenne, religieux de l’Ordre des Minimes, fut l’un des personnages les plus importants pour la diffusion des idées scientifiques nouvelles du XVIIe siècle et l’un des premiers défenseurs des découvertes de Galilée. Surnommé « le secrétaire général de l’Europe savante », il entretint une correspondance très riche avec les plus grands scientifiques d’Europe. Proche de Descartes, Gassendi ou Hobbes, il mena lui-même de nombreuses expériences dans des domaines variés et aboutit notamment à la formulation des lois de la chute des corps au même moment que Galilée.
Les Questions théologiques couvrent un large éventail de sujets, on y retrouve notamment la chute des corps (question IV), la détermination de la longitude en mer (question XII), le mouvement perpétuel (question XV), la quadrature du cercle (question XVI), l’astrologie (question XX), les propriétés de la lumière (question XXI), la transparence des cristaux (question XXIV), les qualités du chaud et du froid (question XXV), le magnétisme (question XXVII), la religion et l’alchimie (question XXVIII), les taches solaires (question XXIX). Néanmoins, comme le précise John Lewis « c’est dans sa défense de Galilée qu’il [Mersenne] est devenu le plus connu ».
Malgré l’obtention du privilège du roi le 20 juin 1634 pour son ouvrage, la proximité temporelle du procès de Galilée et les réactions des mondes scientifiques et religieux à cet évènement poussèrent le Père Mersenne à amender son propre ouvrage. Comme il l’énonce dans une lettre à Fabri de Peiresc datée du 28 juillet 1634 :
« Je vous envoye les trois petitz traitez que j’ay faits, affin que vous en puissiez recevoir quelque contentement parmi vos occupations plus sérieuses. Je vous prie d’envoyer à Mr Doni, quand vous en trouverez l’occasion, ceux où son nom est. Dont les Questions morales, mathématiques, etc. sont différentes des vostres, parce qu’il y a des raisons pour le mouvement de la Terre sans réfutation, pour lesquelles j’avois mis la sentence des Cardinaux pour medecine, comme vous verrez. Mais parce qu’on me dist qu’il y avoit eu quelque bruit parmi les docteurs de Sorbonne à cause des raisons que je ne refutois pas, j’ay osté toutes les questions dont ils se pouvoient formaliser, et en ay mis d’autres que vous verrez dans le livre pour Mr Doni, qui sera plus propre pour Rome. »
Mersenne remplace intégralement quatre de ses questions, traitant directement des découvertes de Galilée. La question 34 « Quelles raisons a-t-on pour prouver, & pour persuader le mouvement de la Terre autour de son axe, dans l’espace de vingt quatre heures ? », la question 37 « Quelles raisons peut-on avoir pour croire que la Terre se meut autour du Soleil, que l’on met au centre du monde ? », et les questions 44 et 45 sur le mouvement de la Terre reprenant le premier et le second discours de Galilée. Le texte reprend ensuite par la publication de la « Sentence contre Galilée, & contre ses Dialogues du mouvement de la Terre ».
Marin Mersenne ne semble cependant jamais avoir été entièrement convaincu de la thèse héliocentrique. Il en fut d’abord un fervent opposant avant de revoir progressivement sa position, accordant de plus en plus de crédit aux théories Galiléennes, tout en reconnaissant la légitimité de sa condamnation. Bien qu’il semble adopter une conception du système solaire proche de celle de Tycho Brahé, la qualité des résultats de Galilée l’obligeait à prendre sa défense en tant qu’homme de sciences.
Selon John Lewis, auteur de l’article de référence sur cet ouvrage, les exemplaires non « auto-censurés » par Mersenne sont extrêmement rares. Les trois exemplaires de la Bibliothèque Nationale de France sont en version expurgées, les exemplaires dans les collections publiques italiennes également et seuls deux exemplaires à la Bibliothèque de l’Arsenal contiennent le texte originel. A ces exemplaires semblent s’ajouter celui de la Bibliothèque des Facultés Loyola, également dans sa première version. Dans les trois lettres de Pierre Bérès accompagnant l’ouvrage, il ne mentionne qu’un exemplaire non expurgé, celui de la Bibliothèque de l’Institut.
Selon nos recherches, aucun des exemplaires déjà présentés en ventes publiques n’a été décrit comme contenant le texte originel. L’un des deux exemplaires de la Bibliothèque de l’Arsenal est relevé par Lewis comme présentant la particularité supplémentaire de contenir la première version du texte, suivie par la version expurgée.
Notre exemplaire est aujourd’hui le deuxième présentant cette particularité. Le corps du texte contient la première version du texte de Mersenne, suivie de 17 feuillets contenant la version expurgée, (les passages ne contenant pas les dialogues concernés dans ces feuillets supplémentaires sont barrés d’une croix à l’encre). Il s’agit d’un exemplaire remis personnellement par l’auteur à un de ses proches, non identifié, comme en atteste la mention manuscrite sur la garde « Ce livre m’a este donné par le R. P. Mersenne auquel j’ay voué toute sorte de services. J’ay commencé à le lire le 5. jour de janvier 1635. »
Il résume en un volume toute la tension qui agitait les cercles scientifiques et religieux au moment des découvertes de Galilée, et le conflit intérieur d’un homme religieux mais convaincu de la capacité des lois physiques, appuyées par des démonstrations expérimentales, à expliquer une partie de la réalité du Monde.
3 tomes en un volume in-8, édition originale de la première défense en français des travaux de Galilée, parue seulement un an après son procès, et de la traduction des Mécaniques de Galilée.
Exceptionnel exemplaire, directement remis par Mersenne à son premier propriétaire, contenant les deux versions du texte (originel et expurgé).
Reliure plein vélin d’époque, dos lisse titré.
Ex-libris Josy Mazodier.
Trois lettres tapuscrites signées par Pierre Bérès accompagnent l’ouvrage concernant une éventuelle expertise n’ayant vraisemblablement pas eu lieu.
10 000 / 20 000 €
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Mercredi 29 octobre de 9h30 à 18h
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EXPERT
Monsieur Nicolas Asvisio





Tapisserie de la tenture des Métamorphoses des Gobelins
L’exemplaire tissé pour le roi identifié ?

La tenture des Métamorphoses tissée à la Manufacture des Gobelins a connu un grand succès commercial et a été produite en plusieurs exemplaires au XVIIIe siècle à partir de modèles renouvelés au tout début du siècle. Un seul tissage a été effectué pour le roi, qui sera acheté par madame de Pompadour avant que l’on ne perde sa trace.
Aucun des tissages connus ne correspondait jusqu’à présent aux dimensions de la tenture produite pour le roi. Le panneau de Renaud et Armide qui sera présenté en vente à Saint-Cloud dimanche 13 octobre 2024 a perdu sa bordure. En considérant des bordures de 42 cm, les dimensions de notre exemplaire sont celles notées aux archives pour l’exemplaire royal (à quelques centimètres près). De plus, notre exemplaire a été tissé sur un métier de basse lice, tout comme l’exemplaire royal. Ainsi, selon toute vraisemblance, c’est bien la tapisserie qui a été commandée par le roi et qui a ensuite appartenu à madame de Pompadour qui sera mis en vente le dimanche 13 octobre à Saint-Cloud sous le marteau de Maître Guillaume Le Floc’h.
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