L'univers Lucien Rollin

Avec des parents tapissiers décorateurs, Lucien Rollin avait le pied à l’étrier. Il a com- plété son apprentissage à l’école Boulle et à l’École des beaux-arts de Paris en faisant ses classes auprès de partisans de la modernité qui respectaient l’héritage du passé : l’ensem- blier Jacques Émile Ruhlmann, et l’architecte Michel-Roux Spitz. Installé en 1928, il s’inscrit dans la droite ligne de ses modèles, et se fait si bien remarquer lors des salons, qu’il est choisi pour incarner le goût français à l’exposition « Century of Progress » de Chicago, en 1933. Sa participation à l’Exposition universelle de Paris, en 1937, lui vaut un grand prix. Des variantes du mobilier qu’il y a présenté sont ici proposées : une armoire en chêne aux van- taux panneautés alignant des motifs de carrés imbriqués (4 000/6 000 €), qui vont de pair avec sept chaises au dossier quadrillé (2 000/4 000 €). Ce goût des lignes sobres, jouant avec les motifs géométriques, se retrouve également dans un lit marqueté d’un damier de palissandre, dont les carrés présen- tent leurs veinages alternativement horizon- taux et verticaux. Pour adoucir cette rigueur, une photographie d’archive montre que le décorateur encadrait le meuble de guéridons à plateaux ovales, comme reproduit ci-des- sous. L’influence de Ruhlmann est perceptible dans leurs piétements mais aussi dans leur perfection d’exécution. Une exigence de qua- lité qui a réuni Lucien Rollin et Gilbert Poille- rat autour de plusieurs meubles. Vers 1947, ils ont ainsi collaboré pour un fauteuil d’apparat à dossier droit et assise trapézoïdale, dont les accotoirs reposent sur des bronzes de troncs en armure (5 000/8 000 €). Ce modèle «Hôtel des Invalides », variante de celui commandé par le Mobilier national pour le bureau du général de Lattre de Tassigny, illustre l’admi- ration de Rollin pour les sièges des siècles pas- sés, qu’il qualifie de « merveilleuses réussites ».

LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 20 NOVEMBRE 2020 - p125