Pleins feux sur Lucien Rollin

Le mobilier créé par l’architecte et décorateur, dans les années 1930 et 1940, séduisait par sa modernité.

Consacrée aux arts décoratifs du XXe siècle, cette dispersion a brillamment rendu hommage à Lucien Rollin. Plus de quatre- vingts œuvres, qui décoraient sa demeure à la fin de sa vie, et ont été conservées jusqu’à aujourd’hui dans sa descendance, évoquaient en effet le souvenir de ce disciple de Ruhlmann, qui a collaboré avec d’autres grands artistes comme Max Ingrand et Gilbert Poillerat (voir Gazette n° 41, page 125). L’esthétique intemporelle de ses pièces épurées, et leur qualité d’exécution, explique que la quasi-totalité des lots ait été vendue, qui plus est bien au-dessus des estimations. Il fallait ainsi prévoir 23 750 € pour un guéridon des années 1930, dont les deux plateaux ovales en palissandre sont montés sur un pied lisse terminé par quatre patins sinueux en acier. Une pièce à assortir avec un lit à chevets décalés, négocié à 6 250 €, marqueté avec des carrés de ce même bois précieux, dont les veinages, alternativement placés à l’horizontale et à la verticale, créent un effet de damier. Le prix de la paire de guéridons reproduite page 120 de La Gazette n° 41, n’est pas communiqué par la maison de vente. De style néoclassique, le fauteuil reproduit témoigne de l’admiration de l’ensemblier pour le mobilier ancien.
Il sied en outre à merveille au lieu auquel il était destiné, ce siège étant une variante du modèle commandé par le Mobilier national pour le bureau du général de Lattre de Tassigny, à l’Hôtel des Invalides. La collaboration de Lucien Rollin avec Gilbert Poillerat était également évoquée par une paire de lampadaires modernistes emportée pour 15 000 €. Réalisés vers 1930 par les ateliers Roger Caussimon, ils présentent un fût composé de cinq tiges d’acier réunies par quatre modules rectangulaires. Un autre meuble, dérivé d’un modèle de 1937, témoigne de l’inventivité du décorateur : une armoire en chêne mouluré négociée à 10 250 €, dont les vantaux se parent de panneaux carrés imbriqués créant une mise en abyme.

LA GAZETTE DROUOT N° 42 DU 27 NOVEMBRE 2020 - Sophie Reyssat