À chacun son idole


La dispersion d’une collection archéologique fera la joie des amateurs, de même que Jan Bruegel ou Foujita.

Les pièces phares de cette vente généraliste seront à chercher aux cimaises et au rayon sculpture. Mention spéciale pour l’archéologie, grâce à la dispersion d’une collection d’antiques réunie entre les années 1920 et 1960 par monsieur Paul A., ancien directeur de la chalcographie du Louvre, puis fondateur et président des Presses universitaires de France.

Elle sera introduite par cette figure cycladique remarquablement conservée, emblématique des canons de cette culture de la mer Égée à son apogée, vers 2800-2300 av. J.-C. Sa tête en forme de lyre et au large front, perchée sur des épaules anguleuses, correspond à celles des effigies trouvées pour la première fois à Spédos, sur l’île de Naxos.
Essentiellement féminines et découvertes dans des sépultures, elles ont été baptisées du nom générique d’«idoles» (du mot eidolon, «image» en grec) au XIXe  siècle, leur fonction étant inconnue, bien que leur vocation rituelle semble constituer la meilleure piste. Si des traces de polychromie indiquent qu’elles étaient peintes de couleurs vives, la pureté de leurs volumes soulignés par la blancheur du marbre a inspiré des artistes comme Brancusi, Modigliani, Giacometti, Picasso ou encore Henry Moore.

D’autres personnages seront mis en avant par la cinquantaine de pièces de cette collection érudite, de la tête grecque en bronze évoquant Poséidon à la statuette gauloise du dieu Taranis, qui côtoiera le basrelief d’un roi égyptien provenant du temple de Behbeit el-Hagara et le visage romain de l’empereur Auguste…

Complétant cette galerie de portraits, la Sainte Famille prendra du repos dans un paysage peint sur cuivre au XVI e  siècle, Pieter von Avont se réservant les personnages et Jan Bruegel II la nature riche de savoureux détails (40 x 59 cm, 40 000/60 000 €). Foujita signe quant à lui Le Modèle à l’académie, en 1916 (41 x 33 cm, 20 000/30 000 €).

DIMANCHE 16 OCTOBRE, SAINT-CLOUD. LE FLOC’H OVV. M. TARANTINO, CABINET TURQUIN.

Cyclades, cycladique ancien II, culture de Kéros-Syros, vers 2800-2300 av. J.-C. Idole féminine de type «Spédos» en marbre, les bras croisés sur le ventre, trace des sourcils en relief, h. 14,5 cm. Estimation : 8 000/10 000 €

LA GAZETTE DROUOT N°35 DU 7 OCTOBRE 2022