Profession de foi

Fille d'une ancienne élève de Rodin, Anna Quinquaud a mis la main à la pâte dès son plus jeune âge... Du modelage à l'École des beaux-arts, il n'y avait qu'un pas, rapidement franchi. La première consécration arrive en 1924, avec le second prix de Rome. La villa Médicis tend les bras à l'artiste, qui dédaigne pourtant la voie royale pour s'engager sur les chemins aventureux de l'Afrique. Bien lui en prit : présentés à l'Exposition coloniale de 1931, les bronzes exécutés à partir de ses portraits ethnographiques façonnés sur le vif, du Soudan à Madagascar, remportent les suffrages du public. Ils représentent encore aujourd'hui les oeuvres les plus connues de l'artiste. Pourtant, les terres lointaines ne sont pas sa seule source d'inspiration. Membre du groupe des catholiques des beaux-arts, créé par Paul Regnault en 1909 et dont le président n'est autre que Paul Tournon, époux de son amie Élisabeth Branly, la jeune femme participe activement au renouveau des arts sacrés. Piétà, Vierge au rosaire, sainte Thérèse et sainte Geneviève évoquent encore son souvenir dans nos églises provinciales. Mais ses commandes religieuses les plus prestigieuses ont été réalisées sur son cher continent africain.Empruntant leurs visages à l'ethnie peul, ses anges trônent ainsi sur la façade de la cathédrale de Dakar, en 1936. Anna adopte la m^me démarche pour la statue de la vierge qu'elle réalise pour l'église du Sacré-Coeur de Casablanca, en 1954, dont Tournon est justement l'architecte. Monumentale et familière à la fois, l'éffigie doit toucher le coeur des fidèles. Sa frontalité et son corps élancé de statue colonne - références à l'art médiéval - s'accompagnent d'expressions simples et de formes épurées, tout entières au service de la foi. Exécutée en pierre, la statue a eu droit à ses répliques en céramique, un matériau bien connu de l'artiste, qui a collaboré avec la Manufacture nationale de Sèvres, puis avec la grande maison HB de Quimper, et les Établissements Jules Henriot.

Anna QUINQUAUD (1890 - 1984) et Vicor CANALE (1883 - 1959), Notre Dame du Mahgreb, 1952, grès émaillé, signé, cachet du céramiste, 48 x 12 x 13 cm.
15 000 €. Dimanche 5 Octobre à Saint-Cloud.