La tête dans les étoiles

Science de l'observation, l'astronomie est entièrement dépendante de la précision et de la technicité de ses instruments. Leur amélioration est la clé des progrès de la discipline. Abolissant les distances, le perfectionnement du matériel a ainsi permis de passer de l'étude du mouvement des astres, préoccupation quasi exclusive des astronomes jusqu'au début du XIXème siècle, à l'analyse des étoiles elles-même. La porte s'ouvrait sur un tout autre univers, celui de l'astrophysique...
La maison Secrétan a activement participé à cette évolution. L'opticien peut s'enorgueillir d'être le fournisseur de l'Observatoire impérial de Paris. Sa lunette est d'ailleurs recommandée par l'astronome Camille Flammarion - créateur de la Société astronomique de France en 1887 -, dont le travail de vulgarisation scientifique reçut un accueil enthousiaste du public.
Plusieurs générations de Secrétan se sont succédé à la tête de l'entreprise depuisque le fils de Jean Lerebours, fondateur d'un magasin d'optique place du Pont-Neuf en 1789, s'est associé au mathématicien lausannois Marc Secrétan, en 1845.
Spécialiste des instruments de précision, qu'il s'agisse d'optique, de physique, d'astronomie ou de marine, le fabricant se fait remarquer par l'excellence de ses réalisations à l'occasion de l'Exposition universelle de 1867. Scientifiques et amateurs se pressent sur son stand pour admirer son cercle méridien, ses théodolites, ses instruments de géodésie, ses objectifs astronomiques et, surtout, son téléscope, décliné dans une taille réduite au coût plus accessible. On admire ses grands objectifs, mariant la précision de mécaniques assemblées par des mains habiles et la subtile complexité de l'optique. En matière de science, l'exigence ne transige pas, même au millième de millimètre près !
Le jury de l'exposition ne s'y trompe pas et lui accorde une médaille d'or, bientôt suivie par le grade de chevalier de la Légion d'honneur, décerné par Napoléon III lui-même.



Lunette astronomique Secrétan en laiton, pied à crémaillère, chercheur en laiton, mouvements lents par baguettes, capuchon en cuir d'origine, signée et numérotée "Secrétan Paris n°257", fin du XIXème siècle.
Estimation : 4 000 / 6 000 €
Adjugée 4 200 € à Saint-Cloud le Dimanche 5 Octobre 2014


Texte tiré de la Gazette Drouot, par Madame Sophie Reyssat.